Quand est-ce que la situation a dégéné ? Je ne sais pas quand cela a commencé. Je n'y comprends rien.
Je t'ai vu pourtant des centaines de fois. Je te voyais, je te parlais, tu me répondais, nous rions, nous mangions, nous buvions, nous faisions la fête. Tu étais là parmi les autres, j'étais là parmi eux. Un au milieu et moi autour. Nous faisions partie de ce groupe d'amis, plein de légèreté et d'allégresse. Quand est-ce que cela a été déformé ?
Nous nous donnions souvent rendez-vous, nous correspondions tous les jours. Des appels manqués, des messages qui pouvaient attendre, rien de tout cela n'avait réellement d'importance tant qu'une réponse finissait par arriver. Ta compagnie était un rayon de soleil chaud, qui berçait mon corps d'une douce plénitude. Tu étais comme une aurore d'été : ceux qui en ont l'habitude ne remarquent rien, mais ceux qui savent apprécier la lueur matinale, peuvent profiter de la tiédeur du moment. J'aimais ta présence discrète. Lorsque tu étais à mes côtés, le monde semblait s'apaiser, la vie paraissait plus simple.

Et puis un jour, tout a changé. Ton existence est devenue vitale, indispensable. Tes mots se sont transformés en héroïne. J'ai commencé à devenir impatiente de te retrouver, avide de ta présence. Ton corps est désormais un aimant, un astre brûlant contre lequel j'ai envie de brûler. Ta bouche a plus d'importance que tes discours, tes paroles ne sont plus qu'un écho envoûtant. Les moments passés ensemble se sont métamorphosés en parenthèses dans la réalité. Cette réalité n'est plus que rythmée par le fantasme de l'union de nos deux corps dans des draps blancs. Je guette tes messages constamment, je suis curieuse de te lire, de t'entendre, de te toucher, de te sentir. Que s'est-il passé ? Je ne t'avais jamais envisagé ainsi. Désormais, le désir que j'éprouve pour toi est viscéral. Il me ronge de l'intérieur, me consume. Je meurs un chaque jour davantage. En silence, je me dévore et j'attends. 

J'attends que ton regard change sur moi comme le mien a changé sur toi. J'espère que tes mains se posent sur mon échine pour y déposer une tout autre tendresse. Je n'en peux plus d'attendre que ta bouche éffleure plus que mes joues. Aime-moi mon ami. S'il te plait. Rien qu'une nuit. Rien qu'une fois. Termine d'enflammer mon âme et mon corps, et réduis moi en cendres. Allumer ce brasier qui m'anime, fais en un feu magnifique. Embrase moi de ta chaleur au creux d'un lit et provoque l'incendie. Laisse ma peau s'animer d'une passion fougueuse et éphémère. Laisse moi mourir d'une immolation intérieure.

Et, je ne te demanderai plus rien. Jamais. Je vivrais avec les cendres de cet instant, cela me suffira. Je conserverai ce foyer au fond de moi et tu pourras de nouveau me regarder comme avant. Personne ne remarquera rien, je t'en fais la promesse. Les autres ne sauront pas et ne verront rien. Je garderai cette flamme en moi et cette bulle de chaleur sera notre secret. Cela me suffira pour l'éternité. Aime moi une fois, et rien qu'une fois. Je n'attends rien d'autre de toi.

 

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