Je serais la vieille aux cheveux blancs en chignon, la peau  tisée par les rides et le temps, assise au bord de la fontaine, qui las de son journal et brulée par son café, nourrit les quelques pigeons vagabonds et égarés.

Toi, tu seras celui aux traits fatigués et au visage bouffi, enfoncé dans ton fauteuil de cuir, un verre de whisky à la main, qui, le regard vide et désespéré, se demandera encore pourquoi il vit.

Je sourirais seule, abandonnée à la sereinité de la solitude, apaisée par les années et heureuse d'une vie tranquille et posée.

Tu verseras une larme timide et génée, désemparé par ton isolement, tourmenté par les vieux fantomes oubliés, fatigué par une existence désabusée.

J'attendrais inconsciemment la mort, au chaud dans mon lit, me disant que j'ai aucun regret et que j'ai eu une belle vie.

Tu auras la main sur la gachette devant ta télé éteinte, te demandant pourquoi tu m'as quitté et qu'aujourd'hui tout est fini.



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