Au crépuscule d'un jour un peu trop court, j'ai posé, avec délicatesse et naïveté, un regard des plus spontanés sur votre visage. Les couleurs ambrées de la fin de journée ont éclairé une dernière fois le sourire que vous m'avez adressé et j'ai senti un frisson courir le long de mon dos à demi dénudé. A cet instant j'ai voulu que votre nom devienne mon amour et déposer sur votre cœur, ô mon prince, une rose rouge et ses épines amoureuses.
Au creux de ma poitrine, une étincelle a rencontré de vieilles branches mortes et tout s'est embrasé. Le feu ainsi naquit, dans l'étreinte de nos mains, timides à l'idée de se toucher, craintives de se brûler d'un brasier encore trop ardent.

Éclos alors les premiers pétales délicats, une bien étrange sensation jusqu'ici inédite, semblable aux gouttes de pluie tombant sans bruit sur les pierres d'une cascade asséchée.

Il faut être prudent à cueillir un jeune bourgeon, comme nos lèvres encore vierges, nous ne pouvons savoir si le flacon ou la sève ne contient que poison ou jouissance. Mais laissez moi mon bien aimé, prendre le risque de venir récolter au coin de votre bouche, la rosée encore fraîche, le fruit du péché de nos cœurs.


 

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