J'ai eu envie de mourir. Comme ça, d'un coup. J'étais assis à un fast food avec un bon rock américain dans les oreilles , en train de lire mon journal. Et sans prévenir, cette idée est apparue. C'était une évidence. Il fallait que je meure. Un train, une falaise, une corde, un médoc. Peut importe. Le choix de la méthode ne manquait pas. Aujourd'hui. Ou jamais. Ou je serais immortel. Non, je me ferais trop chier. Alors aujourd'hui. Ce soir même.

Au coucher du soleil. Au moment où tout ralentit et meure sans bruit. Quand les fleurs se ferment en silence, quand on n'allume pas encore les phares, quand on rentre s'enfermer chez soi fatigué, quand le ciel se transforme en aquarelle.
Ce soir, c'est décidé, je mourais.Je lachais tout,  parti sans prendre ma monnaie, couru jusqu'à la voiture. Prendre l'autoroute et la sortie A70. La mer. Je veux voir la mer. Une main sur mon torse... C'est bon, mes clopes sont dans ma poche. Une main sous le fauteuil passager... ouais c'est bon  j'ai mon appareil photo et mon trépied. J'accelère. Vite, toujours plus vite. Si ma mort peut attendre, le soleil et sa course ne m'attendront pas. ça y est, j'y suis.

Le temps de mettre tout en place et ça sera parfait. Je pose l'appareil et programme une longue série de rafale rapide. J'allume ma Lucky Strike en attendant le bon moment. Je regarde l'océan du haut de ma falaise. C'est beau. C'est la plus belle chose que j'ai vu. Avec le corps de Mathilde. Bon ben ça y est. J'écrase ma cigarette et enclenche l'appareil photo. Lentement, j'avance vers le vide. L'horizon s'embrase, je respire une dernière fois. Le grand final. Tout est à son apothéose. Ma mort est la plus belle du monde.

 

 

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